Intervention de Jean MALLOT lors de la session du Conseil Régional

Publié le par Jean Mallot

Monsieur le Président, Mes cher(e)s collègues,

Cette session ordinaire du Conseil régional intervient alors que se prolonge la grave crise économique que nous traversons et qui, malheureusement, n’a pas encore délivré toutes ses conséquences sociales. Il y a un mois et demi se tenait ici une session extraordinaire entièrement consacrée à la situation économique et à l’emploi en Auvergne. Au cours de cette session, le Conseil régional d’Auvergne a pris sa part de décisions d’urgence. Nous avons injecté 14 millions d’euros supplémentaires dans des travaux et équipements pour les lycées, les CFA et le patrimoine historique régional. Et bien d’autres mesures que le Président Souchon a rappelées tout à l’heure. Il était difficile d’être plus réactif en prenant, au moment où nous l’avons fait, ces mesures de soutien au bâtiment ou encore ces mesures de sauvegarde immédiate destinées à préserver à court terme les intérêts des salariés comme des entreprises auvergnates. Courageusement, rapidement, conscients des limites financières qui contraignent notre collectivité, nous avons pourtant agi dans le sens de ce qui nous semble correspondre à l’intérêt général. On nous a rétorqué, à l’époque, du côté de l’UPA – UMP que tout ceci était insuffisant. Qu’il aurait fallu faire ceci. Qu’il aurait fallu faire cela.

De la polémique politicienne parsemée de propositions rédigées après la parution du rapport du Président, non pas livrées officiellement à notre assemblée en amont de notre session extraordinaire… mais réservées à la seule et unique presse. Pour faire un coup médiatique, comme on dit. Aucune de ces propositions ne se distinguait d’ailleurs vraiment de celles du Président Souchon. Etait-ce une simple agitation locale destinée à masquer les conséquences terribles d’un système économique libéral sans réglementation dont l’UPA se montre toujours l’ardent défenseur ? Toujours est-il que notre exécutif régional a réagi à temps et avec des mesures adaptées dont l’application a fait d’ailleurs l’objet d’une deuxième réunion de la cellule de veille jeudi dernier 16 avril, avec les représentants des entreprises et du secteur bancaire, une autre réunion s’est tenue hier soir, pour entendre les points de vue des représentants des organisations syndicales. Cela a été l’occasion de présenter le détail de l’intervention du Conseil régional. Les 14,3 millions supplémentaires, provenant du versement anticipé du fond de compensation de la TVA seront utilisés immédiatement pour maintenir un haut niveau de commande publique dont 10,5 M€ pour les lycées. Les travaux peuvent commencer, les entreprises peuvent travailler, nos crédits sont disponibles pour procéder à un paiement rapide, avec d’ailleurs une possibilité d’acompte de 20 % dans certains cas. Concernant la formation professionnelle et l’emploi, nous avons trois dossiers à l’instruction dont deux portent sur la création de CDD de plus de six mois. Nous avons aussi treize dossiers à l’instruction dont sept de plus de cinquante salariés auxquels nous ouvrons notre fond d’intervention formation. Le 15 mai prochain nous aurons organisé nos quatre réunions territoriales des Comités Territoriaux de l’Emploi et de la Formation, et serons en mesure de signer la convention cadre entre les principaux financeurs de la formation (Etat – Région – Pôle Emploi et partenaires sociaux). Notre présence auprès des entreprises comme auprès des salariés est une réalité de tous les instants.

Notre souci est de répondre à leurs besoins comme il est de maintenir à tout prix la commande publique en période de crise. De la même manière, l’urgence aurait dû imposer au Gouvernement de Monsieur Sarkozy une réelle action pour corriger les effets de la crise. Mais là n’était pas sa priorité. Il préfère placer son énergie dans le charcutage des circonscriptions législatives pour se constituer un « bouclier électoral ». Il préfère découper les frontières administratives pour fusionner les Régions. Il préfère supprimer la taxe professionnelle et réduire les moyens du plus grand investisseur du pays : je veux parler des collectivités locales.


Dans l’échelle des priorités, l’augmentation du pouvoir d’achat, la réduction des inégalités sociales ou la réglementation en matière financière auraient pu figurer en meilleur rang. Il y a dans l’immobilisme du Gouvernement, dans son incurie, la semence d’une grave colère sociale qui gronde dans la rue, qui gronde dans les ateliers, qui gronde partout où l’on craint de ne pas pouvoir demain conserver le travail dont on a besoin. Et cette colère conduit inévitablement à une radicalisation dont on ne peut encore aujourd’hui prévoir tous les effets. Reconnaissons que les bonus, les parachutes dorés, les stock options, les primes d’entrée, les primes de sorties… que l’on voit encore fleurir çà et là, ont de quoi choquer les salariés et l’ensemble des contribuables français. Les fermetures brutales d’usines, comme GMV à Aurillac, Continental à Clairoix, les annonces massives de licenciements comme chez Valéo à Issoire, l’AIA de Clermont-Ferrand, chez Bréa à Montluçon ou bien, nous venons de l’apprendre, chez Wavin à Varennes sur Allier provoquent, à juste titre, la révolte de salariés qui se sentent trahis.

Face à cette situation, il est donc nécessaire de prendre des mesures notamment législatives. C’est pourquoi, le 30 avril prochain, le groupe socialiste présentera à l’Assemblée Nationale, deux propositions de loi sur le bouclier fiscal qu’il faut supprimer, sur le contrôle des licenciements, sur l’augmentation des salaires, sur la suppression du dispositif de défiscalisation des heures supplémentaires, mais aussi sur la limitation des rémunérations hallucinantes des patrons de grandes entreprises. Nous pensons que là où interviennent des fonds publics, le Gouvernement doit exiger des contreparties à la hauteur de l’apport des contribuables. De même, nous considérons comme intolérables les écarts de rémunération au sein de certaines entreprises. Lorsqu’une entreprise fait appel à une aide publique, certaines rémunérations sont inacceptables. Et quand je parle d’aides publiques, j’ai à l’esprit celles de l’Etat mais aussi celles de collectivités comme la Région…

Alors le mécontentement populaire va trouver prochainement une occasion de s’exprimer démocratiquement, lors de la prochaine échéance électorale du 7 juin 2009. Car, mes chers collègues, l’élection par les Français de leurs représentants au Parlement de Strasbourg le 7 juin prochain revêt une exceptionnelle importance pour les salariés de ce pays. En effet, à la lumière du cataclysme social créé par cette crise sans précédent, un changement de majorité au Parlement de Strasbourg permettra d’envisager une nouvelle politique sociale européenne, une mise en œuvre de solutions globales de relance, d’harmonisation fiscale, de lancement des grands travaux et d’équipements européens, d’adoption de réglementations efficaces dans les domaines bancaires et financiers. Cette demande de réglementation, cette demande de retour à l’éthique, cette demande de primauté de l’intérêt général sur l’intérêt particulier, est la préoccupation première de nos compatriotes.

L’heure est aujourd’hui venue de réhabiliter le secteur public tant décrié qui a assuré si longtemps la cohésion sociale de notre pays et son développement économique pour une large part. Celui-ci a fait la preuve de son efficacité, de sa clarté, de sa capacité à assurer la solidarité nationale. Il est temps de retrouver le sens de la mesure et de l’équilibre, tant entre le secteur public et le secteur privé que dans la juste répartition des richesses produites entre le travail, l’investissement et le capital, sans oublier la juste contribution à l’Etat pour que celui-ci soit en mesure d’assurer la solidarité entre les citoyens et entre les territoires. Nous en aurions grand besoin, en Auvergne, par exemple, nous qui avons injustement perdu cette dotation de péréquation destinée à compenser les déséquilibres entre Régions. Hier en Commission Permanente nous avons pris plusieurs centaines de décisions. Tout cela atteste une nouvelle fois de la forte activité de notre Assemblée, de notre présence constante auprès des auvergnats et de leur territoire, de notre capacité à rester mobilisés sur les difficultés et sur les projets de nos concitoyens.

Depuis 2004, le Conseil régional d’Auvergne aura su mener des actions pour la vie professionnelle des auvergnates et des auvergnats à travers la formation et le développement économique. Il aura contribué à améliorer la vie personnelle des familles en mettant notamment en place des mesures de solidarité pour soutenir le pouvoir d’achat de nombreux ménages et de publics défavorisés. L’action des élus régionaux aura également favorisé le développement durable, l’emploi, le développement des transports et celui des technologies de l’information et de la communication. Toute cette activité démontre, si cela était besoin, la qualité de notre bilan, à un an de son échéance. Un travail de fond a été engagé pour privilégier le transport ferroviaire TER comme alternative au tout voiture et pour faire en sorte que la région puisse bénéficier de lignes ferroviaires à grande vitesse, que ce soit vers Paris ou dans le cadre d’une grande transversale allant de la côte atlantique à Lyon. Malgré les difficultés rappelées par René Souchon, et n’en déplaise à M. Bergougnoux, nous avons ainsi fait avancer notre projet de faire de l’Auvergne le cœur d’une croix ferroviaire à grande vitesse. Et la bataille continue ! Pour l’aménagement et le développement de nos territoires, à long terme ! Restera aussi le quasi triplement des crédits d’investissements annuels dans les lycées puisque nous serons passés de moins de 30 M€ sous l’ancienne mandature à 79 M€ en 2009, compte tenu bien sûr des 10,5 millions supplémentaires décidés lors de notre session du 2 mars 2009. Nous aurons, grâce à ce volontarisme, construit le nouveau Lycée du bâtiment à Riom, reconstruit le Lycée de Presles à Vichy - Cusset, rénové fortement les Lycées de Haute Auvergne à Saint-Flour, Simone Veil au Puy-en-Velay ou Paul Constans à Montluçon, tandis que l’entière rénovation du Lycée Blaise Pascal à Clermont-Ferrand va débuter. Notre programme de gratuité des manuels scolaires touche 42 000 lycéens par an tandis que l’aide à l’équipement professionnel pour les lycéens des filières technologiques se traduit par une aide pouvant aller jusqu’à 500 euros. Nous achetons chaque année 3 000 ordinateurs pour que soit comblé un sous-équipement intolérable de nos lycées en ces temps de révolution de l’apprentissage par le numérique. Je me contenterai également et enfin de rappeler que nous aurons initié et financé 1 296 projets de développement territorial au travers de 120 contrats conclus avec les Pays ou les Communautés de Communes.

Voilà, Mesdames, Messieurs, chers collègues, quelques exemples de l’activité de notre Assemblée au cours des cinq dernières années.

Nous aurons je le pense, au cours des mois qui viennent et au fil des futures sessions, l’occasion d’en apporter d’autres illustrations. Ainsi, malgré la crise qui aura freiné quelque peu nos ambitions, nous avons su remettre l’Auvergne en mouvement. Et ce mouvement, nous entendons bien le poursuivre tout au long de notre mandat.

Je vous remercie.

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