Question au gouvernement : Mesures en faveur de l'emploi
Question d'Alain Vidalies, député socialiste des Landes :
Les mesures annoncées ce matin par le Président Nicolas Sarkozy ne sont pas à la hauteur de la crise sociale majeure qui s’annonce : pas un mot sur l’augmentation des salaires, notamment du SMIC, pas une seule mesure destinée à encourager la négociation sociale alors que la relance de la consommation est indispensable au retour de la croissance.
Quand le chômage redevient à juste titre la principale préoccupation des Français, quelle crédibilité accorder à un gouvernement qui, en supprimant 30 600 emplois, organise le plus grand plan social de France ? Quelle crédibilité accorder à un gouvernement qui dépense 5,5 milliards d’euros pour encourager les heures supplémentaires ? La France est le seul pays au monde à avoir inventé ce système absurde, où l’heure supplémentaire coûte moins cher que l’heure normale, tout cela pour aboutir à une logique de destruction d’emplois financée par les fonds publics.
Le contrat de transition professionnelle n’est même pas généralisé, il est seulement étendu à certains bassins d’emplois, comme si seule une partie des Français subissait la crise.
On frise le dérisoire quand le Président de la République lui-même offre comme perspective aux Français le développement des emplois de livreur de journaux à domicile. Comme à son habitude, il détourne les mots et les concepts et ose baptiser « sécurité sociale professionnelle » cet amalgame de mesures qui vont, au contraire, accentuer la précarité des salariés.
Non, la sécurité sociale professionnelle, ce n’est pas la généralisation du travail du dimanche. La civilisation du caddie, beau projet pour la France !
Non, la sécurité sociale professionnelle, ce n’est pas encore plus de contrats à durée déterminée, c’est même l’inverse.
Non, la sécurité sociale professionnelle, ce n’est pas le recours aux officines privées pour remplacer le service public de l’emploi.
Pour tenter d’enrayer la crise, le Président de la République et la majorité ont accepté de payer l’addition salée des errements du système financier.
Les salariés n’auront droit qu’au pourboire !
Extension des forfaits jours et des forfaits heures, heures supplémentaires qui augmentent mécaniquement le chômage, paquet fiscal qui prive l’État de ressources, franchise médicale qui fragilise les plus faibles, suppression d’emplois publics, tout cela est dû, non à la crise financière, mais à votre politique qui ajoute la crise à la crise.
Les Français attendent une autre politique, monsieur le Premier ministre !
Réponse de Laurent Wauquiez, secrétaire d'État chargé de l’emploi :
Monsieur Vidalies, je parlais d’attitude constructive de l’opposition, je ne suis pas déçu : que de caricatures dans vos propos !
Je vais reprendre une à une les quatre contrevérités que vous venez d’énoncer.
Selon vous, il ne fallait pas aider le système bancaire et soutenir le système financier. Je suis désolé, monsieur Vidalies, mais si nous avons sauvé les banques ce n’est pas pour les banques elles-mêmes mais pour sauvegarder l’épargne des Français, notamment les petites économies de tous ceux qui nous regardent et nous entendent. Je les renvoie à l’attitude consternante que vous avez eue au moment du vote de ces mesures : vous ne leur avez même pas apporté votre soutien.
Deuxième contrevérité : il n’aurait pas fallu mettre en place d’exonération des heures supplémentaires et notre pays serait le seul à avoir un tel dispositif. Mais la vérité, monsieur Vidalies, c’est que notre pays était le seul à avoir les 35 heures. Et pour cause : aucun autre pays n’en voulait ! Le dispositif des heures supplémentaires a permis d’engager un processus de réhabilitation du travail.
Troisième contrevérité : en matière de politique de l’emploi, il n’y a qu’une seule chose à faire, les contrats aidés, les contrats aidés, encore les contrats aidés.
Monsieur Vidalies, ce n’est pas notre approche. Les contrats aidés sont un instrument qui peut être utile mais ce n’est pas l’alpha et l’oméga de toute politique de l’emploi. On ne saurait s’en contenter, car c’est ainsi que toutes les politiques de l’emploi ont échoué.
Quatrième contrevérité : le traitement social du chômage serait préférable à la sécurité sociale professionnelle. Or ce traitement social équivaut à indemniser passivement le chômage, à payer des formations aux demandeurs d’emploi juste pour les faire attendre, à établir des contrats aidés pour des personnes qu’on n’aide pas ensuite à rebondir et à trouver un emploi.
Alors, oui, monsieur Vidalies, nous préférons la sécurité professionnelle, nous préférons mener une réforme de la politique de l’emploi et de la formation professionnelle, nous préférons aller chercher de nouveaux emplois, notamment dans le secteur des services, nous préférons investir dans ce que sera un service public de l’emploi rénové.
J’ai entendu ce matin un socialiste dire que le Gouvernement agissait trop. Et cela me rappelle François Mitterrand qui déclarait : « face au chômage, nous avons tout fait » ou encore, plus récemment, Lionel Jospin qui affirmait à Vilvoorde : « il n’y a rien à faire ».
Monsieur Vidalies, ce fatalisme, nous n’en voulons pas. Face à la crise, il ne s’agit pas de dire que le Gouvernement agit trop, il s’agit simplement de dire qu’on n’agit jamais assez face à une crise et qu’il faut tout entreprendre.